Colloque anniversaire. Criminocorpus. 20 ans pour l’histoire de la justice. Trajectoire, enjeux, questions vives. 6 et 7 juin 2023

Illustration : Miles Hyman. Tous droits réservés.

Lieu : Cité Internationale Universitaire de Paris
17 boulevard Jourdan, Paris 14e
Auditorium Victor-Lyon

Inscription : La participation au colloque est libre dans la limite des places disponibles mais les inscriptions sont obligatoires.
Vous pouvez également suivre ces journées en distanciel. Un lien pour vous connecter vous sera transmis quelques jours avant le début du colloque.

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Imaginé en 2003 sous la forme d’un portail numérique d’histoire des crimes et des peines, le projet de science ouverte Criminocorpus n’a eu de cesse de se développer en explorant les nouvelles formes de restitution plurielle de la connaissance scientifique.
En veille sur l’innovation technique et l’expérimentation, soucieuse de la pérennité des données et attentive à une large diffusion accessible à différents publics, Criminocorpus constitue aujourd’hui la plateforme de référence sur l’histoire de la justice, des crimes et des peines avec une revue francophone et plurilingue et le premier musée nativement numérique sur le sujet. En 2023, nous fêtons les 20 ans d’un projet fédérateur toujours en mouvement.
L’objectif de ce colloque est de revenir collectivement sur sa genèse, ses développements, ses contenus et ses partenaires, mais aussi d’esquisser ses perspectives d’avenir en l’inscrivant dans l’évolution de l’histoire de la justice. Constitué en comité scientifique, le comité de rédaction de Criminocorpus a souhaité privilégier les temps d’échanges et de discussion. Le colloque est ainsi structuré en cinq tables-rondes encadrées par deux temps de conférences.

Mardi 6 juin 2023

9h – Accueil & café

9h30 – Mot de bienvenue

9h45 Conférences : carte blanche à Claude Gauvard, Professeure émérite en histoire médiévale, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et à Michelle Perrot, Professeure émérite en histoire contemporaine, université Paris-Diderot

10h45 – Pause

11h – Table ronde 1 : Humanités numériques
Modérée par Pierre Prétou, LIENSs, La Rochelle Université et Marc Renneville, CLAMOR, CNRS

Avec Olivier Baude, Chercheur en sciences du langage, directeur de l’infrastructure de recherche Huma-Num Pietro Corsi, Historien des sciences (EHESS, Oxford University), ancien directeur du Centre de recherche en histoire des sciences et des techniques
Pascale Goetschel, directrice scientifique adjointe à l’InSHS et professeure d’histoire contemporaine à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, attachée au Centre d’histoire sociale des mondes contemporains (CHS).

Le projet Criminocorpus est né en 2003 dans un environnement informatique qui ne se désignait pas alors comme relevant des « humanités numériques ». Parce qu’il se déployait sur une thématique très arpentée par des acteurs n’émanant pas des institutions de la recherche, Criminocorpus s’est, dès l’origine, confronté à l’exploitation de ses données en sciences ouvertes. On rappellera ici les caractéristiques technologiques de ce contexte et les intentions scientifiques des projets numériques qui ont eu valeur de modèle. En retraçant le chemin parcouru, les évolutions institutionnelles et technologiques, cette table ronde entend mettre l’accent sur les enjeux et les contraintes de viabilité temporelles des projets numériques en SHS et la sauvegarde des données de recherche. Il s’agira aussi de pointer les nouveaux défis auxquels sont confrontés les politiques de diffusion en ligne de la connaissance scientifique (réseaux sociaux, algorithmes, moissonnage…).

12h15 – Pause déjeuner

14h –  Les visites filmées de lieux de justice et de peine sur Criminocorpus
Hervé Colombani, membre correspondant du CLAMOR et Jean-Lucien Sanchez, DAP/Me5, ministère de la Justice, membre correspondant du CLAMOR

14h30 – Table ronde 2 : Les professionnels de la justice face à leur histoire
Modérée par Martine Kaluszynski, CNRS/IEP Grenoble, PACTE-Politique Organisation, et Sophie Victorien, CLAMOR, CNRS

Avec Denis Salas, Magistrat et président de l’Association française pour l’histoire de la justice
Valérie Sagant, Magistrate, directrice du GIP Institut des études et de la recherche sur le droit et la justice
Jean-Jacques Yvorel, Historien, chercheur associé au CESDIP et CRH19. Co-rédacteur en chef de la Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière »
Sandrine Zientara-Logeay, Présidente de la chambre à la Cour de cassation et directrice du service de documentation, des études et du rapport

Plusieurs thématiques seront mobilisées au cours de cette table ronde réunissant des professionnels de la justice dont le parcours et les responsabilités illustrent leur attention portée à l’histoire de la justice. Les échanges porteront notamment sur les questions suivantes : quelles sont les attentes des professionnels vis-à-vis de l’histoire de la justice, quelle est la place de l’histoire de la justice dans la formation professionnelle, comment transmettre l’histoire de la justice aux professionnels et comment sauvegarder et valoriser la mémoire des professionnels et des pratiques professionnelles.

15h45 – Pause

16h – Table ronde 3 : Le patrimoine judiciaire et sa valorisation publique
Modérée par Nicolas Derasse, Centre d’Histoire Judiciaire, université de Lille, Marc Renneville, CLAMOR, CNRS, Mathieu Vivas, IRHIS, université de Lille, membre de l’Institut Universitaire de France

Avec Olivier Bosc, Conservateur et historien, directeur de la bibliothèque de l’Arsenal,
Pierre Fournié, Conservateur général du patrimoine, responsable du département de l’action éducative et culturelle aux Archives nationales
Basile Ader, Avocat, vice-bâtonnier au barreau de Paris, conservateur du musée du barreau de Paris.

L’intention de cette table ronde est d’interroger la notion de patrimoine judiciaire, son extension et sa valorisation. Chaque intervenant pourra répondre aux questions suivantes, de son point de vue personnel sans engager celui de son institution. Qu’est-ce qui entre dans le patrimoine judiciaire ? Qu’est-ce qui n’y entre pas ? Pourquoi patrimonialiser des structures et des édifices ? La reconnaissance de ce patrimoine judiciaire est-elle en concurrence avec d’autres qualifications, notamment sur des sites ayant connu des différents usages ? Dans quel mesure la valorisation du patrimoine judiciaire peut-elle contribuer à l’émergence d’un musée d’histoire de la justice ? Quels pourraient être les limites chronologiques, culturelles et géographiques, la forme, les contenus et les publics visés d’un tel musée ?

17h15 –  Présentation de HUGO, inventaire du patrimoine des lieux de justice
Marc Renneville et Sophie Victorien, CLAMOR, CNRS

17h30 – Conclusions de la journée

 

Mercredi 7 juin 2023

9h – Accueil & café

9h30 – Présentation du projet ANR HLJPGenre
Prune Decoux, CDEP, université d’Artois et Hélène Duffuler-Vialle, CDEP, université d’Artois/CHJ, université de Lille

9h45 – Conférences : carte blanche à Frédéric Chauvaud, professeur émérite en histoire contemporaine, université de Poitiers et à Marc Renneville, CLAMOR, CNRS

10h45 – Pause

11h – Table ronde 4 : « Questions sensibles » : Recherche, débat public, polémique et sphères privées
Modérée par Marc André, université de Rouen et Hélène Duffuler-Vialle, CDEP, université d’Artois/CHJ, université de Lille

Avec Véronique Blanchard, Historienne, responsable du Centre d’exposition « Enfants en justice » (École Nationale de Protection Judiciaire de la Jeunesse) à Savigny-sur-Orge depuis 2005, spécialiste de la justice des enfants, du genre et des violences institutionnelles.
Silvia Falconieri, Historienne du droit, chargée de recherche au CNRS, à l’Institut des Mondes Africains (UMR 8171, Campus Condorcet, Aubervilliers). Responsable scientifique du projet de recherche « Aliéné mental » et indigène. Histoire d’une double discrimination de statut en Afrique française (Fin XIXe siècle-1960) »
Sébastien Ledoux, Historien, spécialiste des enjeux de mémoire, chercheur en histoire contemporaine au Centre d’histoire sociale des mondes contemporains à l’Université Panthéon-Sorbonne
Virginie Sansico, Historienne, rattachée au laboratoire Histoire-territoires-mémoire de l’université de Caen et au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (CESDIP, UMR 8183). Elle est membre des groupes interdisciplinaires de recherche JUPITER et ProMeTe qui travaillent sur les procès du terrorisme aujourd’hui et dans l’histoire

Lorsque des chercheurs et chercheuses travaillent sur des sujets sensibles, ils sont à la croisée de deux risques, d’instrumentalisation et de méconnaissances dans la sphère publique d’une part, d’attentes et d’incompréhension dans les sphères privées, d’autre part. Il résulte une sérénité de la recherche troublée par les débats publics, mais aussi des espoirs déçus ou contrariés. En situation d’inconfort face à une polarisation des positions médiatiques et de pressions sociales, l’universitaire peut être mobilisé comme expert, ignoré ou parfois même mis en cause. La dimension scientifique du travail de recherche forme-t-elle un rempart protecteur face à la polémique publique ? Le travail de recherche joue-t-il un rôle d’apaisement dans le débat public et la sphère privée ? Le monde de la recherche et le monde médiatique et politique s’ignorent-ils réciproquement ou au contraire s’alimentent-ils mutuellement ? Travailler sur des questions sensibles oblige-t-il les chercheurs à se poser davantage de questions épistémologiques ? »

12h15 – Pause déjeuner

14h – La police scientifique et le préfet Lépine
Avec Hervé Colombani, Membre correspondant du CLAMOR et Pierre Piazza, CY Cergy Paris Université, CESDIP, LEJEP et membre correspondant du CLAMOR

14h15 – Table ronde 5 : Jeunes chercheuses et chercheurs en histoire de la justice. Nouvelles approches et expérimentations
Modérée par Hélène Ménard, CRISES, université Paul-Valéry Montpellier III, Diane Roussel, ACP, université Gustave-Eiffel et Mathieu Vivas, IRHIS, université de Lille, membre de l’Institut Universitaire de France

Avec Elsa Besson, Maître de conférences associé en Histoire et Cultures architecturales à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Marseille, membre associé du laboratoire INAMA
Alexandre Frambéry-Iacobone, Docteur en Histoire du droit. Post-doctorant dans le projet ANR HLJPGenre, université d’Artois, CDEP (UR 2471) ; Post-doctorant au sein de l’Observatoire des politiques publiques en situation épidémique et post-épidémique, (OPPEE), université de Bordeaux (IRM-UR7434)
Hélène Leuwers, Docteure en histoire de l’université Paris Nanterre, enseignante, membre rattaché du MéMo (Centre d’histoire des sociétés Médiévales et Modernes)
Adrien Pitor, Docteur en histoire. Professeur agrégé d’histoire géographie du lycée du Vésinet (académie de Versailles). Chercheur associé au Centre Roland Mousnier (Sorbonne Université)

À travers les échanges avec et entre quatre jeunes chercheuses et chercheurs venus de formations diverses (histoire, histoire du droit, histoire de l’architecture), cette table ronde souhaite mettre en évidence de nouvelles approches de l’histoire de la justice. Leurs recherches interrogent plus particulièrement des objets nouveaux et mettent en œuvre des expérimentations scientifiques. Trois thèmes permettront de confronter leurs points de vue : les logiques spatiales (du Palais de justice de Paris à l’architecture carcérale contemporaine), l’expérience judiciaire (récits et vérité judiciaire, la justice comme instrument de constitution des métiers, expériences sensibles…) et la circulation internationale des idées et des « modèles » judiciaires.

15h30 – Présentation chantée de complaintes criminelles
Jean-François Heintzen, Membre correspondant du CLAMOR

16h – Conclusions et remerciements

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Criminocorpus . 20 ans pour l’histoire de la justice
Trajectoire, enjeux, questions vives. Colloque anniversaire – 6 et 7 juin 2023

Lieu : Cité Internationale Universitaire de Paris
17 boulevard Jourdan, Paris 14e
Auditorium Victor-Lyon

Inscription : La participation au colloque est libre dans la limite des places disponibles mais les inscriptions sont obligatoires.
Vous pouvez également suivre ces journées en distanciel. Un lien pour vous connecter vous sera transmis quelques jours avant le début du colloque.

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Le CLAMOR au salon du livre des RDV de Blois 2022

Le CLAMOR sera à Blois pour l’édition 2022 des Rendez-vous de l’Histoire qui se tiendront sur la thématique de la mer.

Vous pourrez rencontrer l’équipe au salon du livre sur le stand Criminocorpus (173) situé tout à côté du café littéraire dans l’espace « Histoire vivante », du vendredi 7 au dimanche 9 octobre.
Nous y présenterons les différentes ressources disponibles  dans la revue et le musée mais également l’activité de l’association Criminocorpus.

Plusieurs collègues de Criminocorpus seront également présents sur le stand pour rencontrer et échanger avec le public à différents moments, sur ces 3 jours.
. Hervé Colombani, autour des vidéos et documentaires présentés sur Criminocorpus,
. Hélène Duffuler-Vialle, autour du genre en histoire du droit,
. Pierre Piazza, autour de la police scientifique et  des enjeux de l’identification des personnes,
. Marc Renneville, autour de la folie criminelle,
. Sophie Victorien, autour de la justice des mineurs.

L’édition 2022 des rdv de l’Histoire a pour thématique la mer. De nombreuses ressources autour de ce thème sont disponibles dans le musée et la revue. Nous en avons listé pour vous l’essentiel  (cliquez sur ce lien).

Au plaisir de vous y retrouver pour échanger et partager !

 

La maison d’arrêt de Colmar

Depuis plusieurs années, le CLAMOR conduit avec le soutien actif de la DAP, une politique innovante en matière d’humanités numériques en permettant, grâce à la réalisation de visites virtuelles d’établissements pénitentiaires, de sauvegarder la mémoire d’un patrimoine carcéral voué à la disparition, de valoriser et de conserver la trace des pratiques professionnelles des personnels pénitentiaires y travaillant.
C’est ainsi que le Laboratoire de recherche et d’innovation de la direction de l’administration pénitentiaire en partenariat avec le personnel de la maison d’arrêt de Colmar, la direction interrégionale des services pénitentiaires de Strasbourg et le Centre pour les humanités numériques et l’histoire de la justice (CLAMOR) viennent de finaliser un parcours multimedia disponible en libre accès dans le musée Criminocorpus  sur la maison d’arrêt de Colmar.

Ancien couvent reconverti en établissement pénitentiaire en 1791, la maison d’arrêt de Colmar a définitivement fermé ses portes au mois de juin 2021. Elle a été remplacée par le centre pénitentiaire de Mulhouse-Lutterbach inauguré au mois de novembre de la même année.
Le musée Criminocorpus propose en libre accès un parcours multimédia pour découvrir ce lieu de détention, de la cave à ses combles :

– une visite virtuelle à travers tous les espaces de la prison, avec des photographies et des témoignages des personnels qui l’ont animé au quotidien.
Accéder à la visite virtuelle

– une exposition sur l’histoire de l’établissement à travers une riche iconographie (plans, photographies d’époque, archives, etc.) issue des Archives d’Alsace et des Archives nationales
Accéder à l’exposition

– un documentaire réalisé par Hervé Colombani et Jean-Lucien Sanchez (1h12, 2020) qui présente des témoignages de personnels actifs et retraités de la maison d’arrêt de Colmar
Accéder au documentaire

– Une collection de plans anciens et récents de la maison d’arrêt de Colmar issus des Archives d’Alsace et des Archives nationales

Source : Archives d’Alsace, 4N51

Enfin, le Cahier d’études pénitentiaires et criminologiques n°60 intitulé “L’histoire de la maison d’arrêt de Colmar, XIXe-XXIe siècles. L’application d’un régime pénitentiaire différencié dans un espace carcéral contraint” vient compléter cet ensemble unique de ressources.

La visite virtuelle de la prison de Colmar a été conçue par le Laboratoire de recherche et d’innovation de la direction de l’administration pénitentiaire en partenariat avec le personnel de la maison d’arrêt de Colmar, la direction interrégionale des services pénitentiaires de Strasbourg et le Centre pour les humanités numériques et l’histoire de la justice (CLAMOR).

 

Un entrepôt OAI-PMH pour indexer nos collections dans Gallica

Afin d’accroître la visibilité des collections qui nous sont confiées par nos partenaires publics ou collectionneurs privés, nous avons engagé la réalisation d’un entrepôt OAI/PMH  au cœur du musée Criminocorpus afin d’indexer certains éléments de nos collections dans la bibliothèque numérique Gallica. Celui-ci est dorénavant pleinement opérationnel et permet le signalement des documents sélectionnés pour leur pertinence, tout en tenant compte des fonds déjà présents dans Gallica.

Deux types de moissonnage sont réalisés chaque trimestre :

. par type de document pour les collections hétérogènes (qui regroupent des documents de types différents).
. par collection pour les périodiques (le moissonnage se fait au niveau du titre et non du fascicule).

A cette date, la collection Criminocorpus dans Gallica présente les collections suivantes du musée :

– Les Archives de l’anthropologie criminelle
–  La collection Philippe Zoummeroff
– Témoignages de justice (AFHJ)
–  Notices du bagne (ANOM et BnF)
– Détective (BiLipo)
– Police Magazine (BiLipo)
– Rapports annuels de l’éducation surveillée (EN-PJJ)
–  Police scientifique (jusque 1942)
– Léon Collin
– Canards et complaintes
– Franck Sénateur
– Louis Roure
– Michel Basdevant
– Michel Roger
– La prison dans tous ses éclats (Ms du 18e siècle)

ce qui représente actuellement plus de 2000 documents imprimés, images, photographies et vidéos.
D’autres collections pourront être moissonnées à terme, l’objectif n’étant pas de proposer une volumétrie importante mais de valoriser des collections de documents particulièrement intéressantes.

Accès direct aux documents moissonnés

« Complaintes criminelles – 1870-1940 ».

Bilan d’étape réalisé et proposé
par Jean-François « Maxou » Heintzen
(4 mars 2021).

Au moment où les actes du colloque « Les complaintes criminelles en France après 1870 : inventaire, problématisation, valorisation d’un corpus méconnu » des 2 et 3 avril 2019 aux Archives nationales et à la Bibliothèque nationale de France sont mis en ligne[1], je vous propose un nouveau « rapport d’étape », concernant la base de données « Complaintes criminelles – 1870-1940 ». Comme il y a deux ans, je me réfère à des données non accessibles aux utilisateurs, hormis l’affichage du nombre total de complaintes et de faits divers chansonnés, via un compteur en temps réel inclus dans le texte de présentation.

Au fur et à mesure de l’extension de cette base, les modifications structurelles deviennent de plus en plus lourdes à mener, néanmoins un champ nouveau a été intégré, à savoir la langue – français, breton, occitan, basque, flamand –, nous y reviendrons. La nécessité de demeurer attentif aux éventuelles carences révélées par les utilisateurs est tempérée par la quasi-absence de retours de ceux-ci !

Données quantitatives

Coup d’œil rétrospectif
Rappelons l’évolution quantitative de cette base de données depuis sa mise en œuvre, en janvier 2015 :

 

Date Juin 2016 Avril 2017 Octobre 2017 Mars 2019 Mars 2021
Colloque d’Arras Mise au net de la communication d’Arras Mise en ligne de la base de données Colloque, AN & BNF Mise en ligne des actes du colloque
Complaintes 709 767 823 1005 1177
Faits divers 374 396 426 521 584
Ratio complaintes/crime 1,90 1,94 1,93 1,93 2,02

De 2017 à 2019, la base s’était accrue d’une dizaine de complaintes par mois, en moyenne. Ces deux dernières années, seulement 72 complaintes nouvelles, soit en moyenne 3 par mois. Ce ralentissement s’explique par un relâchement de la « quête des complaintes » de la part du concepteur de la base, accentué par les difficultés de déplacement depuis mars 2020. En effet, la découverte de nouveaux fonds est malaisée à distance : les démarches entreprises par courrier électronique restent souvent sans réponse, ou suscitent des méprises sur la nature des pièces recherchées.

La relative constance du ratio d’environ (c’est encore une moyenne) de deux complaintes par crime se maintient, mais c’est une conséquence du ralentissement de sa croissance. Nous disions, il y a deux ans, « s’il s’avère que les différents marqueurs n’évoluent plus guère, autant faire porter l’effort sur l’amélioration des informations recueillies que sur la quantité de complaintes saisies ». Néanmoins notre impression d’alors, à savoir de ne pas avoir encore épuisé les « fonds conséquents » de complaintes, conduit à continuer les investigations : des démarches ont été entreprises récemment en direction des sociétés savantes, et la quête des collections privées se poursuit. La marche vers les 1 200 complaintes se poursuit, lorsque vous lirez ces lignes de nouveaux textes seront intégrés au corpus.

Les statistiques tenues automatiquement quant à la fréquentation de la base de données se révèlent enthousiasmantes. Depuis le colloque de 2019, la fréquentation a notablement évolué, et continue de croître, parfois avec des afflux délicats à expliquer, comme l’indique le graphique suivant :

Alors que nous étions « autour de 600 visiteurs différents par mois » en 2019, désormais nous tutoyons occasionnellement le millier. La fréquentation « record » de l’hiver 2019-2020 peine à être clairement expliquée, et les récents confinements n’ont pas produit d’augmentation notable des visiteurs.

D’autre part, ces fluctuations ne reposent pas sur des effets médiatiques, car la base de données n’a fait l’objet d’aucune publication nationale depuis le printemps 2019. Seuls quelques articles dans des revues savantes du Centre de la France l’ont évoquée.

Gageons qu’à partir de l’automne 2021, avec la publication annoncée de Chanter le crime, Canards sanglants et complaintes tragiques (Éd. Bleu Autour) – de la plume du concepteur de cette base de données –, le millier de visiteurs mensuels sera régulièrement dépassé…

Où en sommes-nous ?

  • 1177 complaintes recueillies, relatives à 584 faits divers datés et localisés ;

1155 sont connues dans leur intégralité, 21 sont partielles, et une n’est qu’attestée[2]. Quelques faits divers « douteux » (possiblement inventés) au nombre de 6 ont été mis à part, et 6 complaintes sont relatives à plusieurs affaires.

  • 73 faits divers criminels (12,5 % du corpus) ont eu lieu à Paris ou en banlieue, le reste en province.

L’intérêt est majoritairement tourné vers des crimes crapuleux (un tiers du corpus), devant les crimes d’intérêt ou passionnels (21 %). Les crimes sexuels (9 %) ou les infanticides et maltraitances d’enfants (6,5 %) sont moins présents qu’on aurait pu croire. Ces données statistiques gagneraient à être étudiées sur des périodes distinctes, pour observer l’éventuelle mutation du « goût » du public en la matière, voire l’évolution de la criminalisation.

  • 397 faits divers (soit plus des deux tiers) n’ont suscité qu’une complainte ;

Dans une large majorité des cas, on peut donc parler de « la complainte du crime de X. », avec article défini de rigueur.

  • Pour les faits divers les plus chansonnés, le « palmarès » dresse un panorama sans surprise des grandes affaires criminelles de la période ;

On trouve, dans l’ordre décroissant : l’affaire Steinhel, l’assassinat de Sadi Carnot, le crime de Pantin (affaire Troppmann), Landru, l’affaire Humbert-Crawford, Pranzini, Violette Nozière, l’affaire Soleilland, Vacher, la bande à Bonnot, la malle à Gouffé, l’affaire Caillaux, le vol de la Joconde, le scandale de Panama, la séquestrée de Poitiers, le curé d’Entrammes, le curé de Châtenay, l’affaire Stavisky, le crime de Moirax (affaire Delafet), le crime de Corancez (affaire Brierre).

Pour l’affaire Dreyfus, on se reportera à l’intervention de Philippe Oriol lors du colloque de 2019[2]. Cet article permet de comprendre les difficultés à déterminer ce qui relève ou non du corpus de la base de données.

  • Le lieu d’édition est connu avec précision pour 960 complaintes (81,6 % du corpus) ;

La province est majoritaire[4] (531 cas, soit 55,3 % des complaintes situées), devançant Paris et sa banlieue (402 cas, soit 41,9 %). Les 27 complaintes éditées à l’étranger[5] viennent majoritairement de Belgique (17 cas), complétées par la Suisse (6 cas), la Tunisie (3 cas) et l’Algérie (1 cas).

  • 207 timbres nommés ont été rencontrés ;

Le timbre est identifié pour 1037 complaintes (pour les restantes, soit il est inconnu, soit il s’agit d’une mélodie originale). 138 timbres ne sont utilisés qu’une fois. En tête des préférés, nous trouvons sans surprise Fualdès (355 occurrences, soit un tiers du corpus identifié), puis, loin derrière La Paimpolaise (121 occurrences, 11,7 % du corpus). Les timbres suivants, Béranger à l’Académie et Le juif errant, n’en recueillent que 46 et 43, soit à peine 4,5 %.

  • Un point reste à quantifier, faute d’outil idoine, celui du nombre d’images mises en ligne.

En 2019, nous l’avions estimé à environ 80 % la proportion des complaintes dont les paroles sont en ligne, ce ratio n’a guère changé. Rappelons que le choix de mettre en ligne des images au lieu de transcriptions est destiné à minimiser l’aspiration mécanique des données. Les images sont manquantes pour les complaintes détenues par des institutions avec lesquelles aucune entente ou convention n’a été établie à ce jour.

  • Une cinquantaine de particuliers ont contribué, soit une dizaine de collaborations nouvelles dans les dernières deux années.

Au-delà de ces contributeurs, sensibles au travail collaboratif, il faut insister sur le support infaillible du CLAMOR, représenté par Sophie Victorien, qui assure l’interface avec le prestataire informatique lors de modifications, ou d’aménagements de la base. Grands Mercis !

Problématiques subséquentes

Évolution(s)
Évolution quantitative de l’édition de complaintes

Les données brutes tempèrent la vision d’une lente diminution du nombre de complaintes au fil du temps. La période 1870-1900 est sans doute encore largement sous-représentée, et le dépouillement de fonds supplémentaires permettra sans doute de compléter le corpus. Pour la période la plus récente, le recul de l’édition dans l’entre-deux-guerres est désormais mieux appréhendé, et apparaît beaucoup moins important qu’on aurait pu le penser, en particulier après 1930.

 

L’hétérogénéité des données annuelles recueillies nécessiterait d’être tempérée par un important lissage. Par exemple, le pic de 1894 (54 complaintes recueillies) s’explique par l’abondance d’affaires d’importance cette année-là : l’assassinat de Sadi Carnot et l’affaire du curé d’Entrammes, à eux deux, en suscitent 33.

Évolutions structurelles des complaintes

Deux critères ont été mobilisés pour l’étude des textes : le nombre de couplets, et la présence ou non d’un refrain. Un lissage des données apparaît nécessaire, tant elles sont variables, que l’on en juge par les données relatives au nombre de couplets par complainte :

 

Les observations faites au printemps 2019 demeurent valides. L’existence d’une complainte de 101 couplets a été attestée, mais elle n’a pas été encore recueillie à ce jour[5]. On peut s’étonner de rencontrer des textes dépassant 50 couplets : ils posent la question de la mémorisation, problème délicat lorsque l’on connaît les capacités mémorielles des meilleurs chanteurs traditionnels collectés. Au-delà de ces exemples « monstrueux », de solides tendances apparaissent :

  • Les « grandes » complaintes (30 couplets et plus) se maintiennent quasiment jusqu’à la Grande Guerre.
  • Sur la même période, la présence de refrain est minoritaire. Il n’apparaît qu’après 1880 ;
  • Durant l’entre-deux guerres, la norme se fixe sur des formes plus courtes (moins de 10 couplets en moyenne), avec présence majoritaire d’un refrain ;
  • Des exceptions demeurent, telle « La complainte du sextuple assassinat de Moirax », 42 couplets en 1932, sans refrain.

Évolution musicale des complaintes

Là aussi, les observations faites au printemps 2019 demeurent valides. Ce point est évidemment lié au précédent : la traque des timbres « préférés » au fil des années fait apparaître un renouvellement. L’usage abondant de « Fualdès » va s’étiolant au fil du temps, remplacé par « La Paimpolaise ». Il est à noter l’usage régulier de textes narratifs sur des mélodies avec refrain, comme si le choix du timbre obéissait à une logique du temps, mais que l’on ne pouvait se résoudre à abandonner complètement la structure traditionnelle des complaintes.

Un état du « poids » relatif des trois timbres les plus utilisés (Fualdès, La Paimpolaise, Béranger à l’Académie) a été dressé. L’usage des pourcentages est trompeur : parfois ils ne portent que sur quelques complaintes. Néanmoins dans la majorité des cas, ces trois mélodies sont utilisées par plus de 50 % des complaintes chaque année.

 

Prolongements

À propos de la définition d’une complainte criminelle

Les idées suggérées par le Conseil Scientifique ayant préfiguré le colloque de 2019 ont commencé à être suivies d’effet : par exemple l’insertion du « Scandale des décorations » (Affaire Wilson, 1887) dans le corpus, pour tenir compte des « crimes ressentis » par la population (contre la morale républicaine, contre le peuple…), au-delà de la stricte définition pénale du terme.

Il est nécessaire de demeurer attentif aux éléments textuels – parmi lesquels la narration, l’appel à l’auditoire, la présence d’une morale, explicite ou implicite – qui peuvent caractériser le « genre complainte ». D’autre part, la mention de « complainte » dans le titre n’implique pas forcément l’insertion dans le corpus, mais révèle l’intention de l’auteur.

Extension de la plage temporelle

Les récentes découvertes sur la publication de « chansons criminelles » quasiment jusqu’au début des années 1960, même si elles ne concernent qu’une poignée de chansonniers, permettraient de suivre plus complètement l’extension du genre. Il serait ainsi possible d’inclure le cas du massacre d’Oradour-sur-Glane, abondamment chansonné, crime de guerre par excellence. L’appellation de la base de données pourrait devenir « Complaintes criminelles en France, depuis 1870 ».

Cette modification du titre entrainant en cascade d’autres modifications – à chaque fois que la base est évoquée à l’intérieur de « Criminocorpus », par exemple –, il importe d’en prendre la mesure avant de mettre en œuvre cette extension temporelle.

Extension aux langues régionales

Dès le début de cette quête, l’adjonction de textes écrits dans les diverses langues régionales de France métropolitaine : breton, occitan, basque, ch’timi… est un objectif. Depuis janvier 2020, grâce à la collaboration de Bernard Lasbleiz, chercheur associé au CRBC (Centre de Recherches Bretonnes et Celtiques) de Brest, des complaintes en breton ont été intégrées à la base, qu’il en soit remercié. Pour l’heure, 19 textes sont en ligne.

L’intervention de Xavier Vidal au colloque de 2019 a permis de mesurer que le corpus en occitan est plutôt réduit ; une collaboration reste à établir pour mener à bien ce chantier. Il en est de même avec la langue basque. La collaboration avec des départements universitaires pourrait permettre d’inclure ce type de recherche dans des travaux de master, par exemple. Nous sommes en recherche de partenariats.

Défendre une source

L’objectif initial de cette base de données était, pour son concepteur, l’étude de la disparition, de la mutation d’un genre, et nécessitait en préalable la collecte d’un nombre conséquent de complaintes. La mise en lumière de sources méconnues – car trop disséminées – s’est vite greffée sur l’entreprise première : le contenu de cette parole des rues, libre et insolente, offre parfois un éclairage nouveau sur la réception de l’actualité par les couches les plus humbles de la population. Ajoutons que la presse ancienne numérisée rend souvent compte de l’édition, la vente, l’achat de complaintes dans les rues ; l’impact de ce média est ainsi mieux documenté.

La mention de la base de données dans plusieurs ouvrages[6], et l’édition à venir des complaintes sur l’affaire Vacher en un volume séparé par Marc Renneville, sont autant de preuves que la prise en compte de ces sources chantées progresse pas à pas, crime après crime.

J.F. « Maxou » Heintzen
Membre correspondant du CLAMOR (CNRS UMS 3726)
C.H.E.C. (Université Clermont-Auvergne)
La Chavannée

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[1] https://journals.openedition.org/criminocorpus/8156.

[2] Le dépouillement de la presse provinciale effectué (Gallica, Retronews) permettrait d’ores et déjà d’augmenter notablement les mentions de ce genre de complaintes. Pour l’heure, le choix a été fait de les laisser de côté, vu les ignorances que l’on a à leur sujet ; parfois seul un couplet est retranscrit dans les quotidiens.

[3] https://journals.openedition.org/criminocorpus/8301.

[4] L.-M. Simonet à Saint-Amand-Montrond représente à lui seul 25 % de la production provinciale.

[5] Rappelons que ces indications sont majoritairement fictives, pour contourner les lois sur le droit d’auteur.

[6] L’Intransigeant, 1er septembre 1894. Il s’agit d’une complainte vendue lors de l’exécution de l’abbé Bruneau.

[7] DEMARTINI Anne-Emmanuelle, Violette Nozière, la fleur du mal, Une histoire des années trente, Ceyrézieux, Champ Vallon, 2017 ; RENNEVILLE Marc, Vacher l’éventreur, Archives d’un tueur en série, Grenoble, Jérôme Million, 2019.

 

La science à la poursuite du crime Alphonse Bertillon, pionnier des experts policiers (exposition)

Les Archives nationales (site de Pierrefitte-sur-Seine) présentent en partenariat avec le CLAMOR une exposition consacrée à Alphonse Bertillon, du 14 septembre 2019 au 18 janvier 2020.
Divers événements seront également organisés autour de cette exposition notamment durant les Journées européennes du patrimoine et la Fête de la science.

  • Commissaire scientifique de l’exposition : Pierre Piazza, membre correspondant du CLAMOR

Présentation de l’exposition : Alphonse Bertillon (1853-1914) tient une place essentielle dans l’histoire des savoirs sur le crime. Établir avec certitude « qui est qui », photographier et cartographier méthodiquement les scènes de crime,

Photographie de l’installation d’un appareil photographique et d’une chaise de pose pour la production de clichés face/profil standardisés, tirée d’un album photographique destiné à l’Exposition universelle de Chicago (1893).
© Collection du Service régional de l’Identité judiciaire de la préfecture de police de Paris

collecter et analyser les moindres traces laissées par les malfaiteurs là où ils commettent leurs forfaits… Sherlock Holmes ainsi que les nombreux enquêteurs des séries policières et autres polars lui doivent beaucoup.
Rien ne semble échapper à ce fin limier qui, entre la fin du XIXe et le début du XXe Œsiècle, révolutionne les méthodes d’identification et influence les pratiques policières à travers le monde entier. Véritable pionnier de la police scientifique, il innove dans un nombre considérable de domaines : de la photographie judiciaire à la dactyloscopie, de l’administration des fichiers à l’expertise des traces d’outils utilisés dans les cambriolages, du repérage dans l’espace public de personnes recherchées par les forces de l’ordre à la graphologie.
Pièces de l’affaire Dreyfus conservées aux Archives nationales, photographies de scènes de crime et rapports d’expertise rédigés par A. Bertillon provenant des Archives de la préfecture de police de Paris, matériel utilisé pour relever les traces digitales et appareil photographique appartenant au service régional de l’identité judiciaire de la préfecture de police de Paris, cartes postales, lithographies, presse illustrée et caricatures issus d’une collection personnelle, meubles et instruments de mensuration conservés par l’École nationale de d’administration pénitentiaire, etc., l’exposition La science à la poursuite du crime présente plus de 200 objets et documents originaux de la fin du XIXe et du début du XXe siècle qui permettent de comprendre l’importance du « bertillonnage » et ses riches enjeux policiers, scientifiques mais aussi politiques.

 

L’exposition a reçu le label 80 ans du CNRS.

Rue du Cherche-Midi : 150 ans d’histoire pénitentiaire et de justice militaire (documentaire)

Annoncé lors de l’édition 2018 de la Nuit du droit, ce documentaire réalisé par Hervé Colombani sur une idée originale de Marc Renneville retrace l’histoire d’un site, la rue du Cherche-Midi à Paris, témoin de 150 ans d’histoire pénitentiaire et de justice militaire : de janvier 1800 où furent installés les conseils de guerre de la place de Paris à l’année 1966 où furent démolis les derniers bâtiments de la prison du Cherche-Midi pour permettre la construction de la Maison des Sciences de l’Homme.
À travers différents documents (plans, photos, témoignages et film d’archive), l’historien Jacky Tronel nous retrace l’histoire de ce lieu et des hommes célèbres ou inconnus qui y furent internés.

Voir la vidéo en ligne sur Criminocorpus.

Colloque : Les complaintes criminelles en France après 1870 : inventaire, problématisation, valorisation d’un corpus méconnu (2/3 avril 2019, Archives nationales, BnF, Paris)

Trois générations marquent l’historiographie récente des canards criminels. Jean-Pierre Seguin, le pionnier, les a tirés de l’ombre au tournant des années 1960, puis, dans les années 1980, en particulier en Bretagne, la recherche sur les « chansons sur feuilles volantes » a connu un grand succès. Enfin, la mise en ligne récente de la base de données « Complaintes criminelles 1870-1940 » sur le site Criminocorpus ouvre un nouveau chantier visant à interroger les derniers soubresauts de cette forme, des débuts de la IIIe République à la Seconde Guerre mondiale. Le propos de ce colloque est de poser les jalons d’une nouvelle approche pluridisciplinaire des complaintes criminelles, qui peuvent être considérées comme des sources auxiliaires à l’histoire des délits et des peines, des pratiques populaires de paralittérature, des médias « alternatifs » avant l’heure ou encore des témoins des goûts musicaux populaires.

Mardi 2 avril 2019
Archives Nationales (site Pierrefitte-sur-Seine)
Grand amphithéâtre

10h – Accueil – Introduction

Faits divers chantés
Présidente de séance : Anne-Emmanuelle DEMARTINI

10h20 – Frédéric CHAUVAUD
L’affaire aux 17 complaintes. Le crime d’Henri Pranzini (1887)
10h45 – Marc RENNEVILLE
Des complaintes à l’image du crime ? L’Affaire Vacher (1897-1898)
11h10 – Sophie VICTORIEN / Pierre GUILLARD
L’affaire Redureau, Le crime de Bas-Briacé
11h35 – Discussions
12h00 – Repas

Complaintes ou chansons ?
Présidente de séance : Éva GUILLOREL

13h30 – Philippe ORIOL
L’Affaire en chansons
13h55 – Jean-Yves MOLLIER
Pleurer les victimes de Panama ou subvertir les institutions
14h20 – Discussions
14h45 – Pause

Écrire des complaintes

15h00 – Claude RIBOUILLAULT
Oralité écrite, littérale ou littéraire ?
15h25 – Nils COUTURIER
« Artiste et assassin » : Jules Laforgue et la complainte criminelle
15h50 – Xavier VIDAL
Complaintes criminelles francophones recueillies en territoire occitan
16h15 – Discussions

Mercredi 3 avril 2019
Bibliothèque Nationale de France Site François-Mitterrand
Petit auditorium

Canards, édition & collections
Présidente de séance : Marlène BELLY

10h – J.F. «Maxou» HEINTZEN
Essai de typologie canardière
10h25 – Philippe NIETO
Le son et l’image
10h50 – Joann ÉLART
Quelques canards et complaintes imprimés à Rouen entre la Révolution et l’Empire
11h15 – Agnès SANDRAS
Pour une « archéologie » comparée des chansons sur les parricides et les infanticides
11h40 – Olivier JUSTAFRÉ
Complaintes criminelles, le cas Bazouge
12h05 – Discussions
12h30 – Repas

Chanter les complaintes
Président de séance : Dominique KALIFA

14h15 – Sophie-Anne LETERRIER
L’air de Fualdès
14h40 – Philippe DARRIULAT
Chanter le crime à l’heure de l’invention des cafés-concerts parisiens sous le Second Empire
15h05 – Pause
15h20 – Marie GOUPIL-LUCAS-FONTAINE
La Complainte de la scène : de la complainte des rues à la chanson réaliste. Héritages, transferts, singularités (1880-1940)
15h45 – Una McILVENNA
Chanter les complaintes criminelles à travers l’Europe
16h10 – Discussions

Durant les deux journées du colloque, au gré des intervenants, des complaintes criminelles seront interprétées – partiellement ou in-extenso – par Catherine Perrier, Roland Brou, Patrick Couton et J.F. «Maxou» Heintzen.

Lieux du colloque :
Mardi 2 avril 2019, le colloque se tiendra aux Archives nationales de France
59 Rue Guynemer, 93383 Pierrefitte-sur-Seine
Grand auditorium
Métro : Saint-Denis Université (Ligne 13)

Mercredi 3 avril 2019, le colloque se tiendra à la
Bibliothèque Nationale de France
Site François-Mitterrand. Quai François Mauriac. Paris 13e.
Petit auditorium
Métro : quai de France (ligne 6) ou Bibliothèque nationale de France (ligne 14)

Entrée libre mais inscription nécessaire auprès de
clamor@criminocorpus.org

Organisateurs : Jean-François «Maxou» HEINTZEN, Sophie VICTORIEN

Comité scientifique : Olivier BELIN (université de Cergy-Pontoise), Romain BENINI (université Paris-Sorbonne), Olivier BOSC (Bnf, Bibliothèque de l’Arsenal), Jean-Claude FARCY (CLAMOR, CNRS-ministère de la justice), Jean-François Maxou HEINTZEN (CLAMOR, CNRS-ministère de la justice), Sophie-Anne LETERRIER (université d’Artois), Gaetano MANFREDONIA (Bibliothèque de Corrèze), Jean-Yves MOLLIER (université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines), John MULLEN (université de Rouen), Philippe NIETO (Archives nationales de France), Philippe ORIOL (Cesacom), Anne PASQUIGNON (BnF), Marc RENNEVILLE (CLAMOR, CNRS-ministère de la justice), Sophie VICTORIEN (CLAMOR, CNRS-ministère de la justice)

Ce colloque est organisé par le CLAMOR, en partenariat avec
les Archives nationales de France  et la Bibliothèque nationale de France.
Il a reçu le label 80 ans du CNRS.

Appel à contributions : L’enfance au tribunal, de l’Antiquité à nos jours

Le juge et l’enfant témoin d’un crime. Huile sur toile, 135 x 107 cm. Coll. part.

Coordination : Martine Kaluszynski et Sophie Victorien

La revue en ligne Criminocorpus appelle à contributions pour un dossier intitulé L’enfance au tribunal. Enjeux historiques, perspectives contemporaines. Il s’agira ici d’observer la réception et le statut de l’enfance au tribunal dès lors que ce dernier délibère sur les implications de la parole, de la culpabilité ou de la victime. Nous écartons donc ici l’étude des logiques éducatives et répressives qui ont fondé le statut spécifique des mineurs dans notre histoire contemporaine, pour mieux étudier sur la longue durée historique le comportement des instances d’enquête et de jugement face aux enfants. L’histoire de l’excuse de minorité et des statuts reconnus à l’âge sont au cœur de la thématique mais sont également attendus tous les travaux visant l’évaluation circonstanciée liée à l’enfance des acteurs. Nous évoquons ici, sans caractère exhaustif :

  • L’excuse de minorité ou d’âge
  • Débats et controverses autour de la question de la responsabilité
  • La réception aggravante des offenses faites aux enfants
  • L’évaluation de la culpabilité enfantine
  • Les conflits avec la parentalité justicière
  • Les logiques du pardon et de l’oubli
  • La valeur du témoignage juvénile dans la recherche de la vérité
  • Les actes de procédures adaptés, l’accompagnement socio-judiciaire et l’évolution vers une justice spécialisée

Le dossier a pour objectif de former un premier socle – études de cas analysés ou travaux ayant une portée générale – investissant une histoire de la présence des enfants dans les tribunaux en France mais également à l’étranger.

Date limite de soumission des propositions (3000 signes maximum + présentation de l’auteur) : 28 février 2019.

Date limite d’envoi des articles après acceptation de la proposition : 15 juin 2019.

Les travaux remis seront soumis à l’évaluation en double aveugle : https://criminocorpus.revues.org/290

Les conseils aux auteurs sont disponibles en cliquant sur le lien suivant : https://criminocorpus.revues.org/93

Les propositions doivent être envoyées à l’adresse suivante : redaction@criminocorpus.org

Séminaire de recherche 2018-2019 : Histoire de la justice et patrimoine judiciaire

Ce séminaire de recherche porte deux axes de réflexion. Le premier consiste à explorer des affaires criminelles dans leurs dimensions judiciaires, médiatiques et littéraires. On s’intéressera notamment à la fabrique de la conviction judiciaire à partir des éléments matériels produits par l’enquête. Pièces de procédure, sources policières et imprimés seront confrontés pour saisir le processus aboutissant à une décision de justice, que celle-ci soit consensuelle ou contestée par les lectures médiatiques ou littéraires.
Le deuxième axe questionne la notion de patrimoine judiciaire, son extension (patrimoine matériel, immatériel) et ses recoupements avec d’autres domaines (patrimoine scientifique, patrimoine numérique). La notion sera appréhendée par les savoirs, les pratiques et l’identité des lieux de justice (de jugement et d’exécution des peines), par les sources de leur histoire, par les modalités de leur valorisation (accès public, dispositifs numériques) et les usages sociaux de ce patrimoine sombre.

Dossiers susceptibles d’être traités en 2018-19 : affaire Vacher, affaire Chambige, affaire Seznec, le château-prison de Gaillon, la prison militaire du Cherche-Midi

Enseignant référent : Marc Renneville

Horaires : Les séances se dérouleront le lundi de 14 à 16h aux dates suivantes : Lundi 5 novembre 2018, 26 novembre 2018, 14 janvier 2019, 11 mars, 1er avril et 13 mai.

Lieu : Maison des Sciences de l’Homme, 54 boulevard Raspail, 75006 Paris (la salle sera précisée aux inscrits avant la première séance)

Modalité d’accès : Ce séminaire est particulièrement destiné aux étudiants porteurs d’un projet de recherche. Il est ouvert à tout participant moyennant inscription préalable auprès de l’enseignant (marc.renneville[at]cnrs.fr). Une validation pédagogique est possible selon les cursus. Elle doit être déterminée au moment de l’inscription.